La famille de Stéphanie Laurin œuvre dans le l’industrie du sirop d’érable depuis quatre générations. Son grand-père a commencé l’exploitation de son érablière en 1948. Stéphanie est copropriétaire du Chalet des érables à Ste-Anne-des-Plaines, une des 140 cabanes à sucre en opération dans la province de Québec au Canada.
Le temps des sucres et les cabanes à sucre sont extrêmement populaires au Québec. Leur histoire remonte aux colons français, à qui les Premières Nations ont enseigné à entailler les érables et à bouillir l’eau d’érable pour en faire du sirop. Au fil du temps, la fabrication du sirop d’érable s’est déplacée vers les cabanes à sucre, des cabanes commerciales recueillant l’eau d’érable pour en faire du sirop d’érable canadien à la renommée internationale. De nos jours, la plupart des cabanes à sucre sont des entreprises familiales et sont responsables de 70 % de la production mondiale de sirop d’érable.
Le temps des sucres a lieu entre mars et avril; la période idéale pour entailler les érables et en recueillir la sève. C’est également le moment ou plusieurs Québécois et touristes visitent les cabanes à sucre afin de déguster un repas copieux et de vivre toute une expérience culinaire en salle. Au menu: soupe aux pois, fèves au lard, pâté à la viande, oreilles de crisse, œufs brouillés, et un éventail d’autres mets rendant hommage à la culture québécoise.
Le défi
Lorsque la pandémie a frappé, les cabanes à sucre ont été obligées de fermer leurs portes aux visiteurs. Avant les restrictions imposées par la COVID-19, l’entreprise de Mme Laurin accueillait des milliers de clients chaque jour. Ce qui a changé du jour au lendemain à la suite de la fermeture des restaurants. Dû au maintien des restrictions, 60 cabanes à sucre ont fermé pour de bon, leurs propriétaires croulant sous les factures et n’ayant que très peu de revenus. La cabane à sucre de Mme Laurin subissait, à elle seule, une perte de 90 % de son revenu annuel en 2020.
C’est en septembre 2020, qu’un bon samaritain, Monsieur Sylvain Arsenault, président de l’agence marketing Prospek lui est arrivé avec une idée; Ma Cabane à la Maison. Les 2 têtes ont ainsi uni leurs forces pour élaborer un concept; un site web permettant aux Québécois de se géolocaliser pour ainsi choisir sa cabane à sucre préférée, placer sa commande de boîte repas pour emporter, en livraison ou en ramassage chez leur épicier Métro. Ce concept novateur fût présenté en décembre 2020 aux cabanes à sucre du Québec et c’est 70 d’entre elles qui se sont réunies virtuellement avec UEAT. “C’est un peu cliché, mais des entreprises normalement concurrentes ont décidé d’unir leurs forces pour affronter ensemble le défi et ainsi sauver l’héritage de l’industrie du sirop d’érable du Québec”, a expliqué Mme Laurin.
Et c’est ainsi que Ma cabane à la maison a vu le jour.
Ma cabane à la maison est un projet innovant de repas pour emporter. Les boîtes gourmandes, dont le contenu varie d’une cabane à l’autre, sont remplies de plats prêts à réchauffer ou prêts-à-cuire typiques des cabanes à sucre. Certaines offrent même aux clients la chance de déguster de la tire sur la neige dans leur propre cour. D’autres offrent des options végétariennes, véganes ou sans gluten.
L’équipe de Ma cabane à la maison a décidé de s’associer avec UEAT pour sa plateforme de commandes en ligne. En entrant simplement leur adresse courriel, les utilisateurs étaient en mesure de découvrir les boutiques en ligne des 70 cabanes à sucre participantes. Les clients ont pu choisir entre la livraison à domicile ou la cueillette des boîtes directement à la cabane à sucre ou dans une épicerie Metro, qui offrait plus de 200 points de collecte au projet Ma cabane à la maison. L’équipe s’est même associée à des musiciens québécois afin d’offrir un spectacle extérieur virtuel de musique québécoise et de performances diverses.
« Avec seulement huit semaines pour mettre le concept sur pied avant l’arrivée du temps des sucres 2021, nous devions pouvoir compter sur un partenaire technologique rapide offrant une plateforme robuste. Ce partenaire, c’était UEAT. »
Les résultats
« Nous avons enregistré entre 250 000 $ et 300 000 $ en ventes régulières par jour sur la plateforme”, dit-elle. “Par moment, nous avons eu peur de manquer de bois, ou de contenants. C’était tout un défi d’obtenir assez de matières premières pour créer les boites repas; mais ensemble, nous avons réussi à surmonter chaque petit problème croisé sur notre parcours. »
Après la campagne 2021, 110 000 boîtes ont été livrées, ce qui représente 500 000 repas. Mme Laurin et l’équipe de Ma cabane à la maison étaient enchantées des résultats et de la mobilisation des Québécois. Même le premier ministre du Québec, François Legault, et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, ont commandé des boîtes de Ma cabane à la maison!
Certaines cabanes à sucre ont décidé de continuer à offrir des repas tout au long de l’année, donnant ainsi à l’industrie du sirop d’érable l’espoir qu’il existe bien encore des façons de développer le marché, de diversifier leur modèle d’affaire et d’étirer leur période de vente au-delà de la saison des sucres. “Qui sait, peut-être pourrons-nous augmenter les ventes jusqu’à 25 000 $ par jour, ce qui serait fantastique puisque nous serions normalement fermés après avril”, ajoute-t-elle. “Nous allons développer des menus thématiques selon les saisons, ce qui aidera nos entreprises. Nous sommes très satisfaits.”
Mme Laurin espère que les cabanes à sucre pourront rouvrir en 2022. Par contre, une chose est sûre: les cabanes à sucre continueront de délecter leurs clients avec leurs boîtes repas. Elle espère également que le concept pourra être offert à travers le Canada, et ainsi répondre aux besoins de clients tels que les expatriés ou les adeptes de sirop d’érable du monde entier. “Je touche du bois”, dit-elle en riant.